Temps de parole des femmes dans les médias et éducation des petites filles

TEMPS DE PAROLE DES FEMMES DANS LES MEDIAS ET EDUCATION DES PETITES FILLES

J’ai lu récemment sur Elle.fr un article portant sur le temps de parole des femmes dans les médias et ses origines profondes dans l’éducation des petites filles. A tous les parents qui me lisent, à toutes mes lectrices de Terre-nouvelle.fr, réagissons.

  • Place de la femme dans les medias

Les femmes, selon le rapport remis à Roselyn Bachelot récemment, sont très mal représentées dans les médias. Seulement 18% du temps de parole est accordé aux femmes, 82% aux hommes. La cerise sur le gâteau : les femmes prennent le plus souvent la parole pour intervenir sur des sujets à connotation féminine. Cela ne permettra pas la construction d’une société équilibrée et heureuse.
Je ne pense pas que les hommes ne donnent pas la parole aux femmes. Je pense plutôt que ce sont les femmes qui ne prennent pas la parole. La faute revient à notre éducation.

  • L’éducation des petites filles et place de la femme dans la société

Le problème viendrait de l’éducation donnée aux petites filles dès leur plus tendre enfance : comme image de perfection à suivre, elles auraient la mère qu’elles deviendront.
Attention, je pense qu’il est merveilleux d’être mère et de s’occuper de ses enfants. Je suis persuadée que c’est l’un des bonheurs à coté duquel une femme ne doit pas passer, un homme non plus d’ailleurs. Mais c’est un résumé incomplet de la femme, n’est-ce pas?

Nos petites filles, dans la majeure partie des cas, sont soumises à une éducation qui les formate à oublier de jouer, de se dépenser, de créer des relations avec les autres, les garçons comme les filles. On leur apprend à être belles et à se taire. Devenues grandes, elles restent discrètes, ne prennent pas la parole, laisse leurs hommes parler pour elles.

La veille de la lecture de l’article dans Elle.fr, j’ai passé la journée à l’école de ma fille pour aider la maîtresse, avec quelques autres mamans, lors d’une journée de fête. Ce qui m’a le plus choquée, ce fut la cohérence entre ce que j’ai observé pendant les récréations et les dires de l’article de Elle.fr.
Les petites filles, avec des chaussures peu confortables, des jupes, des robes, des collants, des accessoires de coiffure compliqués, étaient statiques, bien propres, bien sages et la plupart du temps silencieuses. Les petits garçons étaient en pantalons solides, chaussures faites pour courir et jouaient, couraient et criaient en bandes de copains. Ma fille, coquette mais pratique, jouait avec ses copains, au loup. Et je l’ai poussée à aller courir, à rire et à jouer au loup qui se cache dans les bois. Je l’ai poussée à se construire un rêve, une vie dans laquelle elle ne serait pas seulement : belle et silencieuse.

Mesdames, messieurs qui vous souciez de l’avenir de vos filles, tâchez de guider vos filles vers le jeu, et pas seulement la dinette ou la poupée, vers le sport, vers l’affrontement des garçons, sinon elles auront peur de prendre la parole, elles s’enfermeront dans un rôle qui ne leur permettra pas de s’épanouir.

Ma fille fait du judo. Problème : elle est la seule fille avec sa prof. Et bien, tant pis : elle apprendra naturellement à affronter les garçons, à jouer avec eux, à ne pas avoir peur d’eux et à prendre la parole.

Mesdames, Messieurs qui vous souciez de l’image que vos petites filles ont d’elles-même, je vous en prie, ne leur donner pas l’étiquette de petites filles fragiles.
Combien de fois j’entends des mères ou grands-mères qui disent à leurs petites filles « ne cours pas, tu vas tomber », « ne grimpe pas, tu vas te faire mal », alors que les garçons de ces mêmes mères courent et se vautrent par terre juste à côté. C’est procurer aux petites filles des ancrages qui les rendent incapables d’exploits ultérieurs : elles sont persuadées qu’elles n’y arriveront pas, qu’elles sont fragiles, qu’elles se cassent dès qu’elles tombent. Non. Vos filles sont aussi solides que vos garçons, laissez les courir, grimper comme eux, se dépenser comme eux.

« mais, vous allez en faire un garçon manqué » rétorquent des parents incrédules. Tout d’abord, il est possible de faire du sport en étant féminine. Il est possible d’avoir des vêtements jolis mais pratiques pour se dépenser. Et que celui ou celle qui me dit que Lara Croft ou Hermione Granger ne sont ni féminines ni sexy se lève : je lui rigolerait au nez.

La commission d’enquête a conclut qu’elle guiderait les médias pour permettre aux femmes puissantes de plus prendre la parole dans les médias. Même si nous savons que ce ne sera pas la solution miracle (en existe-t-il une?), ce sera une amélioration, sans conteste.

A tous les lecteurs de Terre-nouvelle.fr, portez vous bien.